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......La conception de cette édition en
bande dessinée d'une pièce du répertoire théâtral
classique fut le fruit de diverses circonstances fortuites ou voulues échelonnées
sur une dizaine d'années entre 1965 et 1976.
......Dans
les années 1964, j'avais 22 ans, pour payer mes études à
la fois de philosophie et de préparation au professorat de dessin artistique (
on ne disait pas encore officiellement "arts plastiques"), j'ai d'abord
été surveillant d'externat au Lycée de Granville (Manche).
Lycée dont j'avais, quelques années auparavant été
exclu en classe de seconde pour insubordination notoire au moule de l'institution!
......- Etre surveillant ne
me plaisait guère. Le proviseur, Monsieur Salingue, celui-là même
qui m'avait exclu du lycée, m'avait confié quelques heures d'enseignement
du français en classe de 6e, il y avait déjà pénurie de professeurs dans
toutes les disciplines. C'est à ce moment-là, que, comme dans les
contes, survient l'inattendu: Le professeur de dessin artistique du lycée,
un fringuant jeune homme, séduit une jeune et belle élève de terminale,
et, sans doute causalité de la méthode Ogino qui régnait
alors en maître sur la régulation des débordements amoureux,
la jeune future bachelière se retrouve prématurément jeune
future maman!
......- Exit
le professeur! Le proviseur me propose de remplacer le Dom Juan, puisque je préparais
le professorat de dessin artistique, et que j'étais connu localement pour
mon activité picturale, j'exposais régulièrement dans
la seule galerie de Granville, la galerie Gautier. Mais, le lycée manquant
de professeurs de français il fallait que je garde les cours de français
en heures supplémentaires.
......Ainsi
se passe une première année d'enseignement mixte. L'année
suivante, conservant les mêmes fonctions je propose au proviseur, qui accepte,
d'amalgamer en un seul et même cours, français et enseignement artistique.
......Dans deux classes donc, pendant deux ans 1965 et 66, à
raison d'un après-midi par semaine, j'ai pu expérimenter, par tâtonnements
prudents, un enseignement commun du dessin et du français.
......Notamment pour l'étude des morceaux
choisis du répertoire qui étaient au programme, je faisais illustrer
les textes par les élèves, c'est à dire s'interroger sur
le sens, l'importance relative des termes et formuler les réponses dans
une pratique concrète. Pour le théâtre, tout naturellement,
l'amateur de BD que j'étais finit logiquement par demander aux élèves
de mettre en scène en bande dessinée des extraits de pièce.
......L'avantage pédagogique était
et reste majeur. Quand des élèves adolescents doivent interpréter
un personnage, face à leurs camarades, de multiples interférences
d'ordre psycho-social viennent perturber ce travail qui relève plus d'un
véritable entraînement en atelier théâtral que d'une
réflexion sereine sur le texte en cours de français. Par le dessin,
à condition de ne pas exiger du dessinateur un rendu technique hors de
sa portée, l'interprétation est libérée, l'élève
peut se projeter sans retenue très loin et très vite, de plus il
peut prendre en compte les interprétations de ses condisciples sans se
mettre en danger. Quant au dessin, c'est tout bénéfice, l'élève
va droit au fond des choses sans en avoir conscience. Un tel travail de mise en
scène du texte et de l'image, même avec des solutions schématiques,
nécessite pour s'accomplir une approche en profondeur des problématiques
de l'espace-page, et de l'efficacité dans l'expression graphique. Deux dimensions
essentielles dans la compréhension des mécanismes de construction
d'une image. Découvrir comment on manipule une image pour produire du sens
n'est-il pas un des buts de l'enseignement des arts plastiques, pas seulement
à "exprimer Je" ou à "s'exprimer Joli".
......- Il
faut rappeler qu'à cette époque, dans le milieu scolaire, la bande
dessinée était considérée comme débilitante.
......Quelques années auparavant dans ce même
lycée, posséder des albums dans son cartable, voire être surpris
entrain de lire ce qu'on appelait alors des "illustrés" était
réprimé de diverses manières, copieuses pages de lignes à
remplir et, pour les internes, une journée de consigne. Ancien élève
gros dévoreur de lectures, y compris de BD, j'en savais quelque chose.
J'ai passé de nombreux jeudis ou samedis en consigne à lire
après avoir rempli des pages entières de lignes stupides, des livres autorisés pour
la seule faute d'avoir lu des albums interdits! Mais une fois les lignes faites,
par série de 4 grâce aux 4 stylos à bille maintenus ensemble
par un ruban adhésif, grand merci messieurs Bic et Scotch, je préférais
rester au chaud plutôt qu'à subir l'ennuyeuse promenade quand il
n'y avait pas de match de foot à jouer ou de championnat d'athlétisme.
......En cette époque de mon adolescence,
les années 50/55, nous ne pouvions lire que ce qui était immédiatement
disponible et le moins cher, c'étaient des éditions traduites d'albums
américains qui déclinaient à l'infini les combats entre les ( gentils)
américains et les ( méchants) indiens,entre les (gentils) américains et les ( méchants) japonais.
Les valeureux héros américains, cow-boys ou pilotes de chasse, nimbés
de vertus morales évangéliques, luttaient glorieusement contre ces
indiens et ces japonais tous menteurs, cruels et envahisseurs qui perfidement attaquaient le drapeau étoilé sans cesse traîteusement. Souvent le dessin extrêmement
réaliste de ces brochures de petit format poche si faciles à glisser
promptement dans le slip en cas d'alerte, au détail près, était
techniquement excellent . Comme quoi il faut toujours un masque de séduction
aux plus mauvaises intentions. Nous n'avions pas conscience du piège, simplement
admiratifs de certains dessins que nous étions dans le lycée quelques
uns à recopier pour le seul plaisir de dessiner, et aussi fiers de braver
les interdits de lecture jusqu'à s'enfermer dans les infâmes toilettes
pour lire en paix.
......Le matraquage
idéologique américain, devenu aujourd'hui la norme d'une certaine
pensée occidentale, était donc déjà puisamment en place.
On comprend les craintes des enseignants, ils avaient déjà raison
de s'inquiéter. Il faut le recul du temps pour comprendre ces enjeux vêcus
dans l'inconscience.
......- Néanmoins
pour les adolescents il y avait Spirou, émanation de la presse catholique
avec les truculents personnages de Remacle, et pour la presse communiste, car
le clivage idéologique était évident et très clair, Pif le chien, devenu ensuite
Pif gadget qui publiait d'excellentes histoires remarquablement dessinées,
notamment la formidable série réaliste de Rahan et Corto Maltese
du déjà géant Hugo Pratt. Mais sutout il y avait aussi depuis
peu et fort heureusement Hara Kiri entraînant un renouvellement radical
du dessin humoristique ou plus généralement du dessin de presse,
c'est par là que passaient les vrais messages d'innovation à la
fois dans le graphisme et dans l'esprit critique, frondeur et salutairement décapant.
......Donc ce cours atypique de français à
travers la BD, pour être acceptable aux plus réticents notables censeurs
de l'institution, ne pouvait que s'appuyer sur des références relativement
admises. La série des Barbe Noire et vieux Nick de Remacle notamment était
à mon sens un joyeux compromis, Astérix, dont le succès grandissait
était vivement attaqué par le corps enseignant pour ses libertés
avec la langue!
......Pour faire gagner du temps
aux élèves j'avais réalisé quelques planches de personnages-types
"à la manière de" ces BD mettant en scène des personnages
d'une pièce de Molière au programme. Cela leur servait de base pour
entrevoir qu'il pouvaient emprunter ce cheminement interprétatif, en déviant
les codes de représentation. Je me souviens encore de la jubilation de
certains élèves à la découverte de cette possibilité,
qu'ils considéraient vraiment comme une énorme transgression iconoclaste,
un audacieux flirt avec les tabous! D'ailleurs certains, je crois surtout certaines, résistaient
et n'entraient pas vraiment dans le jeu proposé. Il me semble en effet
que les filles étaient plus conventionnelles que les garçons .Mais globalement la majorité des élèves
participait.
......- Fin
68 (!!), je démissionnais de l'enseignement pour prendre la direction de
la Maison des Jeunes et de la Culture de Montreuil en Seine Saint Denis (93),
que je transformais en Maison Populaire pour la Culture et les Loisirs. Jusqu'en
1976, j'exerçais diverses responsabilités de direction culturelle
dans le 93 qui m'amenaient chaque fois à réfléchir, entre
autres, au rôle du théâtre, donc aussi du théâtre
élitiste ou théâtre bourgeois, dans la vie culturelle populaire.
Il faut rappeler que à cette époque la banlieue parisienne, dirigée
en majorité par des municipalités communistes, la ceinture rouge
disait-on, était un extraordinaire creuset d'expérimentations
et de réalisations dans le domaine culturel. Ces municipalités,
dites encore municipalités ouvrières, étaient en France les
seules qui investissaient autant pour la culture accessible à tous. Conservatoires
de musique, bibliothèques, théâtres, autant d'équipements
performants et de moyens importants confiés à des équipes
pionnières. Malgré quelques réussites remarquables, il faut
bien admettre que toutes les conquêtes étaient souvent remises en
question pour un rien. Il fallait toujours et sans relâche porter tout à
bout de bras, en progressant les yeux bandés sur des peaux de banane.
......- En
1976, je quitte l'animation culturelle, pour me concentrer sur mes activités
de plasticien depuis longtemps différées. Mais pour vivre, et aussi
par volonté de diversifier mes perspectives de création, je m'intéresse
à la création graphique publicitaire, et à l'illustration
pour l'édition. C'est pour prospecter des maisons d'édition que
je réunis quelques illustrations dans un carton, dont ces planches d'ébauches
de BD de théâtre, extraits de Molière, que j'avais réalisées
10 années auparavant pour mes petits 6e de Granville. Parmi les éditeurs
avec qui j'aurais aimé travailler, j'avais sélectionné en
tête, les Editions Dessain et Tolra. Cet éditeur avait dans certaines
collections destinées aux arts plastiques d'excellents ouvrages de référence,
et la qualité de leur mise en page me plaisait beaucoup. Je vais les voir
en premier. Reçu par les deux sympathiques responsables d'édition
je m'entends dire que rien dans mon travail ne leur correspondait, mais que leur
maison d'édition étant en expansion ils étaient preneurs
de nouvelles collections. Cette idée de mettre en bande dessinée
le texte intégral de pièces classiques leur semblait intéressante,
ils n'avaient pas de BD dans leurs collections. On bavarde là-dessus une
petite demi-heure juste le temps de me sonder un peu, et le PDG de la maison,
Mr Zeck, est informé par interphone que quelque chose d'intéressant
rôde dans les étages. Il monte immédiatement. Nous bavardons
deux minutes sur l'idée, il s'inquiète de savoir si j'étais
partant et disponible pour envisager une collection, en cas de succès. Le
chef de fabrication est appelé pour régler quelques détails
techniques pratiques. Moins d'une heure plus tard nous étions en accord
sur le projet, on me demandait de retirer mes planches de mes cartons et de tenir
le projet au secret total.
......Voilà
comment en 76, un éditeur travaillait avec ses collaborateurs, à
l'intuition, au ressenti, au désir, au plaisir..Jamais
dans mon activité professionnelle de créateur je n'ai vêcu
à nouveau une telle empathie dans l'émergence d'un projet. Jamais. Etonnant et inquiétant. ......Un
an après l'Avare sortait, ce fut un succès mérité,
malgré les défauts et les faiblesses. ......Dix
huit mois plus tard Ruy Blas sortait ce fut un échec mérité
à cause des nombreux défauts et de l'absence de qualités!
......Le projet de collection s'arrêtait là,
net. ......Dix ou douze ans plus tard je retrouvais
Mr Zeck, qui entre temps avait revendu les éditions Dessain et Tolra, il
me confiait son regret de ne pas avoir persisté, au-delà de l'échec
de Ruy Blas...Et moi donc! ......Ce résumé
précis éclaire le contexte factuel qui a induit les choix, à
la fois du mode graphique de l'interprétation du texte et des compléments,
personnages et situations, qui jalonnent et commentent en parallèle la
pièce.
......- Quand
l'Avare est sorti, le centre Georges Pompidou a organisé une exposition
itinérante des planches originales. J'ai maintes fois été
invité à des débats en bibliothèque, avec des lecteurs.
Passées les remarques positives sur l'originalité de la mise en scène
et du traitement des rapports texte image, il m'a souvent été reproché
l'option formelle de ce dessin ébauché, non fini, parfois approximatif
des personnages qui contraste tant avec les dessins précis, raffinés,
voire léchés des BD de l'époque. Certes, j'ai laissé
certains dessins à l'état d'ébauche, cela appauvrit l'ensemble.
Mais pour ce qui est du choix global d'un traitement graphique aussi rudimentaire,
je pense avec le recul que c'était le bon choix.
......C'était
alors très osé, cela le serait encore aujourd'hui. Le monde de la
BD, malgré les apparences est extrêmement conventionnel, je crois
qu'il l'est encore plus aujourd'hui que dans les années 75, où planait
un désir de renouveau. Aujourd'hui, personne n'éditerait l'avare
en BD dans l'esprit dans lequel je l'ai conçu. Pourtant, nonobstant quelques
retouches et améliorations, je suis convaincu, et j'ai des indices pour
le croire, que si on le sortait aujourd'hui réactualisé il ferait
un nouveau succès.
......Et aujourd'hui
encore cela ne serait possible qu'avec un "non éditeur" de BD.
Et aujourd'hui en 2017 seules des solutions atypiques permettraient de tenir la
route, j'en tiens pour preuve les quelques pièces de théâtre
classique qui ont été mises en BD par un éditeur français
sorties à l'automne 200.
Elles sont à mourir d'ennui. Le conventionnalisme
du dessin, l'insignifiance de la mise en scène ne font que renforcer le
conventionalisme du théâtre classique, sans en extraire la substentifique moelle.
......Car
le paradoxe est toujours là, présent, pesant et incontournable:
......Le théâtre classique est horriblement
conventionnel tout en restant à travers le temps, en particulier les comédies
de Molière, un potentiel incroyablement corrosif. Ce théâtre-là
nous tend un miroir dans lequel on ne cessera jamais d'observer nos défauts,
pour en rire et qui sait, s'en corriger.
......Par
conséquent, mettre en scène en BD une pièce classique, implique
non seulement de casser radicalement les conventions du texte ancien pour atteindre
l'essentiel du sens lisible exploitable dans la mise en scène,
mais aussi de sortir des conventions formelles du genre BD lui-même.
......Sinon une convention renvoie l'autre, la convention
de la forme renvoie la convention du contenu, et réciproquement. ......C'est
toute la problématique du théâtre moderne qui veut réinterprèter
le répertoire classique. ......Bien sûr,
sur un plan purement technique du dessin, j'aurais aimé dessiner des personnages
bien modelés, des décors précis, réaliser une sorte
de superproduction en dessin. Mais ce choix de forme-là m'aurait interdit
des libertés essentielles aux interprétations du sens. Quand je
travaillais dans l'animation culturelle j'avais vu des petites compagnies de théâtre
dire avec une remarquable force contemporaine des textes classiques en n'utilisant
que des moyens scèniques très rudimentaires. ......C'est
pourquoi j'ai choisi cette option d'un dessin schématique, presque projectif
qui rompait avec les conventions de la BD de l'époque en replaçant
le texte dans sa forme originelle, la comédie de tréteaux. ......Avec
le recul je considère que c'était un bon choix, même si je
me suis laissé aller à commettre quelques insuffisances qui me déplaisent
encore plus aujourd'hui.
......- En
vérité la réalisation de cette création fut pour moi
un grand bonheur, il fut partagé par un public qui 30 années après
utilise l'internet pour me réclamer de pouvoir lire intégralement
cet album...! C'est la raison pour laquelle je l'ai mis en ligne en 2007. ......J'ai
toutefois deux regrets qui me chagrinent, l'un technique, l'autre idéologique.
......Le texte est trop dense au point de devenir parfois
illisible, la mise en scène/page est confinée dans des petites cases
qui interdisent les envolées graphiques qui sont souvent suggérées
par le texte. 96 pages pour n'importe quel texte classique ce n'est pas assez.
A l'époque les albums de BD de qualité faisaient en général
64 pages. Les prix de vente des albums se déclinaient sur cette base. Il
était facile de démontrer que le projet était irréalisable
en 64 pages. L'éditeur a donc accepté de jouer le jeu de maintenir
un prix de vente équivalent à celui du marché avec un album
de 96 pages. J'en réclamais 128 minimum, je regrette de ne pas avoir
réussi à le convaincre de la nécessité impérative
de ces 128 pages. Concrètement, les statistiques comparatives de diverses
BD que j'avais faites avant de commencer, montraient que avec les textes 30 à
40000 mots d'une pièce classique en 5 actes il faut 192 pages pour disposer
des mêmes espaces de manoeuvre dans la mise en page permettant de jouer
avec des blancs, permettant de rythmer la mise en scène, de garantir partout
au lecteur un excellent niveau de lisibilité, et d'introduire quand nécessaire
le texte en acteur de l'image. Voilà mon premier regret, le manque d'espace,
la médiocre lisibilité qui est pour moi une sorte d'irrespect dû
à la fois au sens du texte, mais aussi au lecteur. ......Si
donc un éditeur passe par là, lit ces lignes et se sente prêt
à m'offrir au minimum 192 pages pour mettre en scène une comédie
du répertoire classique français, je suis partant, toutes affaires
cessantes !!!!!
( En 2017, 10 ans après avoir écrit ce texte, je peux vous dire que aucun éditeur n'est passé par là)...
......- Mon
deuxième regret d'ordre idéologique celui-ci, me pèse sur la conscience,
vraiment. ......C'est le nez d'Harpagon.
......Crochu, bien évidemment il fait, historiquement
parlant, référence à l'ignoble iconographie antisémite.
......Quand j'ai campé le personnage, j'en
avais conscience. Au cours de l'étude, j'ai pensé lui faire un nez
en trompette, ce qui permettait des associations sémantiques avec tire-bouchon
pour inquisiteur, queue de cochon pour esprit sale, tordu pour menteur, etc...
tout en marquant la perversité du personnage. J'avais même envisagé
de changer les nez selon les propos des personnages, tout un arsenal morpho-psychologique à exploiter. Mais cela rendait l'identification
difficile dans certaines scènes. Au final j'ai réduit Harpagon à
sa dureté de prédateur, le nez crochu donc, référence
aux serres et au bec des rapaces est l'image forte et immédiate qui s'impose.
J'ai considéré, dans les années 75 que l'antisémitisme était sinon dépassé
du moins récessif, qu'une lecture libérée de ces codes-là
était dès lors possible, que par conséquent on pouvait dessiner
un nez crochu pour un avare sans que cela soit connoté autrement. Je me
suis trompé. Je l'ai compris quelques temps après quand de Funès,
dans son rôle de l'Avare, a joué de manière douteuse, me semble-t-il
avec toute une mimique sur les angulations de son nez, tout en regardant la caméra
pour nous demander si on avait bien compris...Mais depuis, de nombreux évènements
attestent malheureusement que l'antisémitisme et toutes les formes de stigmatisations
sont restés bien actifs en France.
......Avoir participé
sous une forme aussi infime que ce soit à cette réitération
de ces odieux codes de stigmatisation est pour moi un vrai regret, je ne mange pas ce pain-là, l'image a dépassé l'intention.
......C'est
la raison pour laquelle j'ai depuis souvent insisté sur la responsabilité
des artistes, sur l'éthique qui doit fonder et veiller sur nos choix formels et esthétiques.
......La mise en ligne aujourd'hui de l'intégralité
de l'album doit donc être prise comme un témoignage historique d'une
époque.
Jean Pierre Lihou.
3 avril 2007. .........
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